Juan Carlos Hernandez's insight:
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Affaire Areva - Uramin, 3 milliards en fumée
De Paris à Bangui, de Londres à la Namibie, Pascal Henry a mené l’enquête sur l’un des plus grands fiascos industriels de ces dernières années.
Le scandale UraMin, qui empoisonne la vie d’Anne Lauvergeon depuis son départ de la direction d’Areva en 2011, ne fait que commencer. C’est la certitude que l’on retire de l’enquête intitulée Affaire Areva : 3 milliards en fumée que Pascal Henry a menée de Paris à Bangui et de Londres à la Namibie, sur les traces des protagonistes de cette ténébreuse affaire.
Quelque 3 milliards d’euros d’argent public, puisque l’Etat détient 87 % du géant du nucléaire : c’est la somme du prix d’achat en 2007 de cette petite entreprise minière canadienne (1,8 milliard) et des 1,25 milliard investis dans le développement du gisement namibien… Avant que ses dirigeants ne s’avisent un peu tard, en 2010, qu’il y avait beaucoup moins d’uranium en terre que ne le promettaient les vendeurs de ces ressources concentrées sur Trekkopje (Namibie) et Bakouma (République centrafricaine). Et qu’ils inscrivent d’énormes dépréciations d’actifs dans leurs comptes.
UraMin est un fiasco industriel annoncé. Dès le départ, les experts maison ont été écartés, comme en témoigne un ex-géologue d’Areva, au prétexte que le processus d’acquisition d’UraMin était trop engagé. Quand l’Agence des participations de l’Etat a été saisie pour donner le feu vert du gouvernement, la direction d’Areva lui a fourni un document interne dont on a expurgé les éléments le plus défavorables à l’opération. Notamment les doutes sur la richesse supposée de Trekkopje, qui n’a été évaluée que par SKR, une société commanditée par UraMin. Or la faible teneur en minerai du gisement plaçait son exploitation à la limite du seuil de rentabilité, selon le patron de la mine d’uranium voisine du géant Rio Tinto, interrogé dans le documentaire.
Jolie culbute financière
Les deux propriétaires de la junior minière, James Mellon et le très discret Stephen Dattels, présentés comme de véritables chasseurs de prime dans le Far West minier, ont fait, eux, une jolie « culbute » financière : achetées 35 millions d’euros en 2005, leurs prétendues pépites ont été revendues à Areva 1,8 milliard deux ans plus tard, au plus haut des cours de l’uranium.
Pascal Henry lève quelques coins du voile. Ainsi Areva a-t-il, selon lui, attribué des actions gratuites de la société exploitant une usine de dessalement d’eau de mer nécessaire au traitement de l’uranium à des proches du président namibien. D’importantes zones d’ombre apparaissent aussi dans le volet centrafricain de l’affaire, où apparaît Patrick Balkany.
Le maire (UMP) de Levallois-Perret a en effet joué les intermédiaires entre Areva et le président de la République centrafricaine de l’époque, François Bozizé, qui jugeait que son pays avait été spolié dans la vente du gisement de Bakouma à UraMin. Finalement, Areva aurait versé à Bangui 50 millions de dollars, qui se sont volatilisés. En retour de sa médiation, M. Balkany aurait, pour sa part, touché 8 millions de dollars, versés sur un compte à Singapour, selon plusieurs sources. Ce que nie ce proche de Nicolas Sarkozy.
Bien des acteurs de cette affaire ont refusé de répondre à l’enquêteur. Anne Lauvergeon d’abord, qui a toujours farouchement nié toute malversation. Tout comme son époux, Olivier Fric, qui avait conseillé l’embauche par Areva de Daniel Wouters, un homme qui a rendu possible l’achat d’UraMin. Le documentaire se termine sur ce constat lapidaire : «Les enquêtes judiciaires ne font que commencer».
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