dimanche 29 mai 2016

Infos en français - L'oncle Sam : un ami très influent / France Inter #USA #SoftPower #CorruptionDesElites #Atlantisme #USA #NATO  #OTAN 20 mn


L'oncle Sam : un ami très influent / France Inter #USA #SoftPower #CorruptionDesElites #Atlantisme #USA #NATO  #OTAN 20 mn

 

Chaque année, les Etats Unis repèrent et invitent les futures élites françaises à Washington pour une opération de charme. Mais ce n’est qu’une facette d’une stratégie d’influence plus globale. La plupart des grands cabinets d’avocats et les banques d’affaires de Paris sont aujourd’hui américains. Peu à peu, ils imposent leur langue, leurs normes, et leur idéologie.

Le soft power

La formule sonne plutôt bien. Le « soft power », ou diplomatie douce, a été inventé par les américains pour influencer leurs partenaires en s’appuyant sur la conviction ou la séduction. Concrètement : depuis les années 1940, l’ambassade des Etats Unis à Paris repère chaque année ceux qui seront les futures élites françaises.

 

Elle mise sur elles et les invite outre atlantique à participer à un programme d’échanges avec les futures élites américaines. La French American Foundation a mis sur pied un programme similaire avec des fonds privés.

 

Ces programmes ciblent les énarques, les jeunes loups de la politique, mais aussi des chefs d’entreprises et des journalistes. Parmi eux : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Pierre Moscovici, Emmanuel Macron, Najat Vallaud Belkacem. Cette année, Frédéric Mazzela, le fondateur de Blablacar, ou encore Alexis Morel, directeur de la stratégie de Thalès, font partie de ceux qui ont été invités à Washington pour un voyage d’étude.

Pierre Servan-Schreiber, un avocat d'affaires qui a travaillé dans un cabinet américain, explique :

On va chercher les gens qui peuvent avoir une influence un jour par leur réussite. C’est une volonté délibéré de connaitre les gens qui seront à même de prendre des décisions, et à qui on pourra rappeler notre passé commun et faire passer des messages

 

A Washington, ils peuvent rencontrer des responsables politiques, mais, précise Pascal Dupeyrat, le président du Cercle Jefferson qui a créé une amicale des anciens de ces voyages  :

Le programme s’appuie aussi sur un réseau de 40 à 50 000 bénévoles américains qui vous accueillent. Cela crée une rencontre avec la population. Avec cette idée très intelligente qui est de dire : vous avez plus de difficultés à aller en guerre avec des gens avec qui vous avez déjeuné ou dîné.

 

Apprendre à se faire aimer, c’est avant tout cela le soft power !

Les jeunes issus de l’immigration : une cible privilégiée

 

Depuis une dizaine d’années, l’ambassade des Etats Unis à Paris mène une action similaire dans les banlieues, à Paris comme en région.

Elle cible les futures élites issues de la diversité. Après le 11 septembre, et alors qu’ils entraient en guerre en Irak, il s’agissait pour les Etats-Unis de montrer à la population musulmane qu’ils étaient leur alliés. A cela s’est ajoutée la révolte des banlieues de 2005. Une fracture jugée préoccupante dans un pays perçu comme une interface avec des mondes à l’Est et au Sud jugés plus hostiles. Mais aujourd’hui, leur calcul est plus pragmatique. Les Etats-Unis considèrent que ces jeunes issus de l’immigration seront les élites françaises de demain. C’est donc avec eux qu’il faut nouer des liens et se faire aimer.

 

Les lauréats de ces programmes affichent une réussite scolaire insolente. Jennifer Rasasimanana, attachée culturelle de l'ambassade américaine à Paris le remarque fièrement :

Un jeune issu de la première promotion termine sa formation de spationaute. 98 % d’entre eux ont fait des études supérieures ».

Et ils le rendent bien à l’oncle Sam. Selon Majid El Jarroudi, dirigeant de l’ADIVE (Agence pour la Diversité Entrepreunariale), une agence qui aide les entreprises des quartiers prioritaires à trouver des marchés :

Les élus et les responsables politiques français pourraient s’inspirer de ce que font les Américains. Il suffit d’aller sur le terrain. Pas seulement pour la photo. Les Américains, eux, ils se bougent.

 

Plus de cabinets d’avocats d’affaires américains à Paris qu’à Londres

 

Il existe une autre machine à influencer très puissante. Aujourd’hui, la majorité des cabinets d’avocats et des banques d’affaire sur la place de Paris sont américains. Ils recrutent les meilleurs avocats à prix d’or. Et pour assurer un lobbying efficace, et garantir leurs entrées au sommet de l’Etat, ils puisent dans le vivier politique.  

On va se fournir à la sortie des ministères

observe Etienne Drouard, un avocat qui a travaillé dans plusieurs cabinets américains. Ces cabinets utilisent ainsi à leur profit, les réseaux et les carnets d’adresses de leurs recrues.

 

Ce travail d’influence fait son chemin. Nicolas Sarkozy lui-même ne prônait-il pas la tolérance zéro, concept développé à New York, après avoir effectué son programme dans cette ville en 1984 ? La langue anglaise et les normes juridiques anglo-saxonnes se sont peu à peu imposées dans le droit des affaires.

A en croire Claude Revel, l’auteur de La France, un pays sous influence, les effets du soft power se traduisent dans l’hémicycle : 

 On a de plus en plus de propositions de législations inspirées des Etats Unis, comme le plaider coupable. L’idée d’ouvrir toutes les données, aussi, devient un mantra. Les Américains, qui voudraient avoir accès à toutes nos données, ouvrent pourtant les leurs de manière très maitrisée

Et pour cause. L’ouverture des données représente un marché énorme convoité par Google notamment…

 

Ce concept de Soft Power est maintenant repris par la Chine et le Brésil. Etrangement, c’est un des rares domaines où la France n’imite pas les Etats-Unis. Tout se passe comme si l’on pensait encore que notre histoire, notre littérature, nos vins et nos parfums, suffisaient encore à faire rayonner notre culture dans le monde…

A Paris, la prépondérance américaine dans le monde des affaires :

Sur les quinze premiers cabinets d’avocats d’affaires les plus performants en 2015, onze sont américains :

  • Shearman&Sterling (2ème position et en progression par rapport à 2014)
  • White&Case (3ème position, et en progression)
  • Latham&Watkins (4ème position)
  • Wilkie Farr&Gallagher (6ème position, en progression)
  • Paul Hastings (7ème position, en progression)
  • Dechert (8ème position, en progression)
  • Davis Polk&Wardwell (9ème position)
  • Weil Gotshal&Manges (10ème position)
  • Cleary Gottlieb (12ème position)
  • Orrick Rambaud Martel (13ème position)
  • Mayer Brown (15ème position, en progression)

Extrait du classement établi par le magazine Décideurs.com

Quelques personnalités françaises célèbres, anciens participants aux programmes d'échanges américains :

1 - Au sein du programme des Visiteurs Internationaux du Département d’Etat américain (International Visitors Leadership Program) : 

  • Anciens présidents de la République : Valéry Giscard d’Estaing (1957) et Nicolas Sarkozy (1984)
  • Anciens Premiers ministres : Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre, Alain Juppé, Lionel Jospin et François Fillon


2 - Au sein du programme Young Leaders, créé en 1981 par la French-American Foundation, une fondation privée. Il se décline en deux séminaires de cinq jours chacun, sur deux années consécutives :

  • 1981 : Alain Minc (entrepreneur), Alain Juppé (Premier ministre en 1995), François Léotard (ministre en 1986)
  • 1982 : Jérôme Clément (ancien directeur d’Arte), Alain Mérieux (entrepreneur), Guy Sorman (essayiste)
  • 1983 : Jean-Marie Colombani (directeur du Monde en 1994), Jean-Noël Jeanneney (PDG de Radio France en 1982, Secrétaire d’Etat en 1991), Christine Ockrent (journaliste)
  • 1996 : Pierre Moscovici (ministre en 1997, commissaire européen en 2014), Denis Olivennes (PDG Lagardère Active)
  • 1998 : Laurent Cohen-Tanugi (économiste), Nicolas Bazire (directeur de cabinet d'Edouard Balladur en 1993), Marisol Touraine (ministre en 2012)
  • 2001 : Nicolas Dupont-Aignan (député), Stéphane Fouks (conseiller en communication de dirigeants politiques)
  • 2002 : Valérie Pécresse (députée)
  • 2003 : Alexandre de Juniac (PDG Air France en 2011), Annick Cojean (journaliste)
  • 2005 : Emmanuelle Mignon (directrice de cabinet du Président Sarkozy), Matthieu Pigasse (banquier)
  • 2006 : Nathalie Kosciusko-Morizet (député, ministre en 2010), Laurent Wauquiez (député, ministre en 2010)
  • 2007 : Najat Belkacem (ministre en 2012)
  • 2010 : Catherine Sueur (directrice générale de Radio France en 2012)
  • 2011 : Béatrice de Clermont-Tonnerre (Directrice de Google Europe du Sud)
  • 2012 : Emmanuel Macron (ministre en 2014), Fleur Pellerin (ministre en 2014)
  • 2013 : Cédric Villani (Mathématicien, Médaille Fields)

 

 




from L'Info Autrement's followed topics | Scoop.it http://ift.tt/1NWGykb
via IFTTT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire